• Bleue

    Grand jour demain en terre helvétique.
    Interdite depuis bientôt un siècle, la fée verte va refaire son entrée dans les supermarchés.

    Pendant des années, elle a été le vice secret d'une bonne partie des habitants de cette contrée.

    Qui n'a pas sa bouteille de 'bleue' cachée quelque part à la cuisine (chez certains entre le cannabis et la cartouche de cigarettes) qu'on déguste de temps en temps avec l'agréable frisson de l'interdit. Le rituel de la cuillère (aussi bizarre que cela puisse paraître, on en a toujours trouvées dans les magasins) va à nouveau pouvoir se faire au grand jour.

    Durant toutes ces années, l'achat d'une bouteille d'absinthe était une expédition. On partait se perdre dans les vallons de Neuchâtel, pour trouver LA ferme, adresse que l'on se passe de main en main (et qui bien-sûr finit par être connue de tous, surtout de la police qui figure parmi les meilleurs clients). Là, dans une vieille grange, à l'abri des regards derrière les bottes de foin, se faisait la dégustation de la production locale. Suivait toujours la visite au vieil alambique familial, pour des éclaircissements (sortant d'une bouche déjà un peu pâteuse) sur les techniques de distillation.

    Ensuite venait l'interminable marchandage sur le prix de la bouteille, le tout arrosé de nouvelles dégustations accompagnées de petits gâteaux amenés par la maîtresse de maison. Tout cela finissait souvent par le repas du soir, où les paysans invitaient tous leurs clients du jour à déguster le cochon (ben ouais, on avait passé la journée à prendre l'apéro, fallait bien qu'on mange). Et on repartait, bourrés comme des hélices, nos bouteilles dans les bras, affronter les routes du Vallon pour redescendre en plaine. A la limite de l'inconscience...

    Demain, tout ce rituel va disparaître. La 'bleue' aura simplement sa place dans le caddie à côté des couches-culottes-toujours-avec-l'élastique-là et des paquets de spaghetti-pas-terribles-mais-si-pratiques-quand-les-amis-viennent-à-la-maison.

    Fin de l'interdiction de l'absinthe, bientôt dépénalisation du cannabis... Dans la morosité ambiante, ce pays a-t-il de plus en plus besoin de paradis artificiels ?


  • Commentaires

    1
    Tschok
    Lundi 28 Février 2005 à 13:33
    hips!
    Je trouve que paradis et artificiel c'est redondant.
    2
    Lundi 28 Février 2005 à 13:42
    La bleue ?...
    n'en dit on pas "fée verte" ? enfin de toute façon verte ou bleue ce n'est qu'une boisson et comme toutes les autres il n'y a que dans l'abus qu'elle devient "paradisiaque" donc pas trop d'affolement... Ici cela fait un peu plus d'un an qu'elle est de nouveau en vente libre et rien à signaler pour le moment ;)
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    3
    soda par contre
    Mardi 1er Mars 2005 à 18:07
    ,,,
    Cela ma rappèlle les distilleries domestiques à la production clandestine de l'eau-de-vie de prunes qui dérangeaient le système de la propriété commune. Les producteurs se sont devenu(s)? avant-garde de l'économie du marché. Les pionniers émérites. Autre chose que par suite de la consomation on pouvait aveugler: Slivovica(-tza) bŕŕŕŕ
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