• Grand jour demain en terre helvétique.
    Interdite depuis bientôt un siècle, la fée verte va refaire son entrée dans les supermarchés.

    Pendant des années, elle a été le vice secret d'une bonne partie des habitants de cette contrée.

    Qui n'a pas sa bouteille de 'bleue' cachée quelque part à la cuisine (chez certains entre le cannabis et la cartouche de cigarettes) qu'on déguste de temps en temps avec l'agréable frisson de l'interdit. Le rituel de la cuillère (aussi bizarre que cela puisse paraître, on en a toujours trouvées dans les magasins) va à nouveau pouvoir se faire au grand jour.

    Durant toutes ces années, l'achat d'une bouteille d'absinthe était une expédition. On partait se perdre dans les vallons de Neuchâtel, pour trouver LA ferme, adresse que l'on se passe de main en main (et qui bien-sûr finit par être connue de tous, surtout de la police qui figure parmi les meilleurs clients). Là, dans une vieille grange, à l'abri des regards derrière les bottes de foin, se faisait la dégustation de la production locale. Suivait toujours la visite au vieil alambique familial, pour des éclaircissements (sortant d'une bouche déjà un peu pâteuse) sur les techniques de distillation.

    Ensuite venait l'interminable marchandage sur le prix de la bouteille, le tout arrosé de nouvelles dégustations accompagnées de petits gâteaux amenés par la maîtresse de maison. Tout cela finissait souvent par le repas du soir, où les paysans invitaient tous leurs clients du jour à déguster le cochon (ben ouais, on avait passé la journée à prendre l'apéro, fallait bien qu'on mange). Et on repartait, bourrés comme des hélices, nos bouteilles dans les bras, affronter les routes du Vallon pour redescendre en plaine. A la limite de l'inconscience...

    Demain, tout ce rituel va disparaître. La 'bleue' aura simplement sa place dans le caddie à côté des couches-culottes-toujours-avec-l'élastique-là et des paquets de spaghetti-pas-terribles-mais-si-pratiques-quand-les-amis-viennent-à-la-maison.

    Fin de l'interdiction de l'absinthe, bientôt dépénalisation du cannabis... Dans la morosité ambiante, ce pays a-t-il de plus en plus besoin de paradis artificiels ?


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  • Monsieur Jean-Louis Bolomey, époux de Marie-Christine Bolomey née Chappuis, est un homme heureux.

    Monsieur B n’a pas de jolie maison, dans ce pays de locataires, il habite un joli trois-pièces-cuisine, dans un immeuble de Cully, avec un balcon couvert de géranium fleuri et une superbe paroi murale dans le séjour pour exposer les souvenirs de vacances.

    Monsieur B. est fier de son armée, il est lui-même caporal, et se souvient du bon temps passé sous l’uniforme, des soirées de sortie dans les villages où le vin et la bière coulaient à flots.

    Monsieur B. ne regarde pas souvent la télévision française, sauf les jeux sur TF1 et encore (il ne comprend pas toujours), il préfère cette bonne vieille Suisse Romande où on est toujours sûr de ce qu’on va voir.

    Monsieur B. a toujours voté « Radical » (on est vaudois ou on ne l’est pas), et même si les thèse de l’UDC lui semblent parfois intéressantes, il ne va pas voter pour un parti où dominent les suisses allemands.

    Monsieur B. est vaudois, romand et accessoirement (surtout quand il est à l’étranger) suisse. Il est allé manifester une fois devant le palais fédéral contre la modification de l’âge de la retraite. Monsieur B. a trouvé ça sympathique, ça lui a rappelé le service militaire, même si Marie-Christine était un peu fatiguée.

    Le vendredi soir, Monsieur B. se rend avec sa femme à la Migros pour faire les courses de la semaine, il pousse le chariot en râlant, mais adore choisir les chocolats et les biscuits pour le dessert.

    Une fois par mois, Monsieur et Madame Bolomey font les courses « sur France », histoire de profiter des prix meilleurs marchés, mais ils sont un peu perdus dans le Casino, avec toute ces marquent qu’ils ne reconnaissent pas.

    Monsieur B. accompagne son épouse tous les dimanches au temple, il somnole un peu durant le sermon du pasteur, mais il attend avec impatience le moment d’aller prendre l’apéro avec les copains pendant que sa femme prépare le dîner en attendant les enfants à la maison.

    Monsieur B. possède encore son Opel, il la sort toutes les fins de semaine, et Marie-Christine lui a brodé son numéro de plaque sur un coussin qui trône derrière la vitre arrière.

    Pour ces vacances, Monsieur B. prend toujours Swissair (même si ils ont effacé le « air » sur les avions) bien que comme des milliers d’autres il ait perdu ses économies à cause de cette société. Mais, c’est quand même la compagnie nationale, et on se sent fier lorsqu’on voit la croix fédérale sur le tarmac d’un aéroport. L’année passée, ils se sont offerts une semaine à Pattaya, mais Marie-Christine n’a pas aimé la nourriture, alors cette année ils songent à l’Espagne où des amis viennent d’acheter une maison.

    Monsieur B. garde ses économies (ce qu’il lui reste parce qu’entre l’assurance maladie et les impôts…) à la banque cantonale, parce qu’il n’a pas confiance dans ces grandes banques nationales et on est toujours mieux servi par quelqu’un qu’on connaît près de chez soi. Et puis, depuis les affaires des fonds juifs, on ne sait jamais.

    Monsieur B. n’aime pas les américains, ils ont osé attaquer son pays et son histoire, et de toute façon comment voulez-vous vous entendre avec des gens qui sont incapables de faire la différence entre la Suisse et la Suède !

    Pendant des années, Monsieur B. m’a fait sourire avec sa horde de nains sur son balcon, m’a énervé avec sa suffisance idiote, m’a ému avec ses dons aux nécessiteux, m’a embêté avec ses poubelles bien rangées, mais il était là, partie intégrante du pays où j’habite. Et depuis quelques temps, Monsieur B. commence à me faire peur, il semble qu’il se clone, et que même certains de mes amis se soient bolomeytisés…

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  • Dialogue entendu ce matin en buvant mon café dans un bistrot...

    - Dis voir, c'est quoi pour un truc cette histoire de Schengen qui vont de nouveau nous faire voter dessus ? C'est un truc sur les étrangers encore ?
    - Mais qu'est-ce tu me dis... On vote quand donc ?
    - En septembre y paraît.
    - Ben alors, qu'est-ce tu me causes, on a bien le temps de s'enquiquiner. Moi je regarde le pamphlet qu'on reçoit juste avant, pis je lis sur la dernière page les conseils de vote du gouvernement, pis je vote le contraire. De tout façon, quoique tu votes, c'est les staubirnes qui décident pis ils finissent toujours à faire ce qui veulent.
    - Ouais, mais moi des fois, le pamphlet je comprend rien. Pis ce Schengen, ça à l'air important, t'as tout le monde qui en cause.
    - Mais qu'est-ce tu pinailles, fais comme je te dis. Tout le monde fait comme ça. Si il fallait se taper les pages et les pages qu'ils nous envoient avant chaque votation...

    Je suis sorti rassuré, ce pays est en de bonnes mains...</em />


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  • Parce que cela fait juste une année. Un petit souvenir

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  • Il a commencé à neiger dans l'après-midi. Pas grand chose, quelques flocons mouillés pour commencer, mais très vite le vent s'est levé. C'était beau. Je ne peux pas résister à ça, c'est plus fort que moi, faut que je sorte, que je sente la neige tomber, voir la ville se recouvrir lentement, observer les gens qui courent silencieusement.

    Alors je me jette sur mon magnifique iPod (cadeau qui ne me quitte plus !) plein de chansons ringardes, je m'habille de plusieurs couches de laine, casquette et c'est parti pour une balade dans les rues de la ville.

    J'adore ça. La musique qui te hurle dans les oreilles, un sourire niais collé sur les lèvres, déambuler dans les rues, sans but, simplement en regardant la vie qui s'agite autour de toi. Une sorte de rêve éveillé où l'esprit se met très vite à vagabonder, réfléchissant aux petites choses de la vie, le mail de Léo, la bouffe de ce soir, les payements à la maison, la peau-de-phoque....

    Puis, inévitablement, la magie s'arrête, les flocons deviennent pluie et la neige disparaît. Ben oui, c'est pas très haut Lausanne, 400m à peine. Alors, on rentre en attendant la prochaine fois...


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